Bouleverser la vision de la défense
En 2022, ils étaient 1,7 milliard à avoir été exposés à une forme de conflit armé. Un phénomène en augmentation de 27 % par rapport à l’année précédente. Depuis plus de 70 ans, l’OTAN est chargée de la sécurité des Etats qui la composent. Mais, les récents bouleversements géopolitiques, l’émergence de nouveaux champs de conflictualité et le développement de nouvelles technologies changent la donne. Disposant d’un large éventail d’instruments contribuant au renforcement de la sécurité collective de l’OTAN, le nouveau dispositif DIANA accompagne les start-up développant des nouvelles technologies pouvant servir à renforcer la sécurité et la défense et à atténuer la probabilité et l’impact des conflits armés. « L’étendue et la diversité des partenaires du réseau DIANA accélèreront le développement et le déploiement de solutions révolutionnaires pour la défense, la sécurité et la paix » révèle Deeph Chana, le directeur général du dispositif. Un point de vue partagé par Mircea Geoană, secrétaire général délégué de l’OTAN : « En soutenant les start-up et les porteurs d’innovation les plus brillants de l’Alliance, le DIANA aide l’OTAN à conserver son avance technologique et contribue à la résilience de nos sociétés et de nos économies. Les technologies émergentes changent la nature des conflits et rendent les menaces de plus en plus complexes, ce qui signifie qu’il devient essentiel que l’OTAN coopère avec le secteur privé pour protéger l’Alliance. »
Un accélérateur d’innovation
Il est prévu que DIANA se concentre sur le big data, l’intelligence artificielle, le quantique, les biotechnologies et l’amélioration humaine, l’énergie et la propulsion, la fabrication avancée et l’aérospatial. L’idée est véritablement de pouvoir accompagner des entreprises qui développent des technologies à double usage (civil et militaire). Détection et surveillance sous-marine, partage sécurisé d’information, résilience énergétique, des domaines dans lesquels les 44 premières entreprises ont été sélectionnées en novembre dernier. Parmi elles, une pépite française : Elwave qui bénéficie d’un financement de 100 000 euros. Basée sur une technologie de rupture, le “sens électrique”, l’entreprise développe des systèmes de détection, caractérisation et navigation électromagnétique. McGuire Aero Propulsion Solutions (MAPS), une start-up canadienne fait elle aussi partie des heureux élus. Et pour cause, la solution qu’elle propose remplit tous les critères attendus par DIANA. Face aux catastrophes naturelles ou aux tensions internationales grandissantes, la résilience de nos réseaux électriques, que ce soit au niveau civil ou militaire pose question. Grâce aux 100 000 euros, MAPS accélère la commercialisation d’un équipement capable de fournir un service électrique résilient, modulaire et utilisant des sources durables. « L’accès aux sites d’accélération et aux centres d’essai de l’Alliance pour certifier et démontrer la capacité de notre technologie à répondre aux normes les plus exigeantes du secteur de la défense montrera à notre future clientèle que nous fournissons les performances robustes, fiables et révolutionnaires dont elle a besoin » explique Daniel McGuire, PDG et fondateur de MAPS.
La force du collectif
La possibilité de tester sa technologie dans un environnement opérationnel et un mentorat dispensé par des scientifiques, des ingénieurs ou encore les utilisateurs finaux sont autant d’avantages permis par l’accélérateur d’innovations. DIANA fournit aux entreprises les ressources, les réseaux et les conseils nécessaires. Preuve que ce système fonctionne : le réseau transatlantique de sites d’accélération et de centres d’essai s’est considérablement étendu pour atteindre le nombre de 23 sites d’accélération (contre 11). On compte désormais 182 centres d’essai, contre 90 auparavant. Parmi eux, Nokia Bell Labs basé en Hongrie. « En devenant membre du réseau DIANA, Nokia Bell Labs sera en mesure de soutenir l’OTAN et de contribuer à maintenir le leadership technologique de l’Alliance et de ses membres qui protègent son milliard de citoyens. Il s’agit là d’un nouvel exemple de l’engagement de Nokia en faveur de l’innovation dans l’UE, de la communauté de la défense et du développement de technologies à double usage » soutient Peter Vetter, président de Bell Labs Core Research chez Nokia. Ils apporteront notamment leur soutien dans des domaines comme la 6G, la sécurité post-quantique ou encore les jumeaux numériques. « Une partie de la force du DIANA réside dans son réseau transatlantique unique de centres de talents et de leaders de l’innovation travaillant dans un but commun » souligne le professeur Deeph Chana, directeur général du DIANA et de conclure : « Je parle beaucoup de notre volonté de réunir la triple hélice des industriels, des gouvernements et du monde académique ; DIANA nous permet de le faire. Notre mission plus large est d’améliorer la résilience et de renforcer la sécurité dans la société, ce qui implique de s’attaquer aux risques systémiques mondiaux ».
S&D Magazine