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Guerre terrestre

L’interopérabilité des drones pourrait avoir un impact sur l’état de préparation de l’OTAN

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Les États membres de l'OTAN ont construit et acquis de nombreux drones différents, ce qui rend l'intégration au sein de l'alliance difficile.
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Le drone RQ-4D de la Force de surveillance terrestre de l’Alliance de l’OTAN peut voler pendant plus de 30 heures (Photo : OTAN).

Les pays de l’OTAN pourraient être rencontrer un certain nombre de difficultés pour déployer conjointement leurs drones sur le champ de bataille. Les membres de l’alliance ayant développé et acquis individuellement des drones, le faible degré d’interopérabilité pourrait en effet avoir une incidence sur leur préparation opérationnelle.

Les problèmes liés à la connectivité de ces systèmes et leur fonctionnement en réseau leur permettant de communiquer entre eux et de partager des informations sont susceptibles de retarder les processus d’identification et d’engagement des cibles, en plus d’entraver les attaques en essaim coordonnées.

Dans un conflit de haute intensité, un tel souci pourrait menacer la sécurité des troupes et des équipements, et réduire les niveaux de capacité ISR et de frappe.

Le 13 mai, Federico Borsari, Leonardo Fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA), un groupe de réflexion basé à Washington, a déclaré que  « l’interopérabilité est sans doute le plus grand défi à l’heure actuelle ». Selon M. Borsari, les défis susceptibles d’être affectés vont « de la sélection des capacités et de la formation du personnel à l’établissement de normes et de protocoles pour l’échange de données. (…) Lorsqu’il s’agit de faire en sorte que 32 alliés puissent combattre ensemble, il est extrêmement compliqué de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. »

Le général de division (à la retraite) Gordon B. “Skip” Davis Jr. de l’armée américaine, chercheur principal au CEPA, a souligné que l’OTAN devrait s’inspirer de l’expérience de l’Ukraine, car ce pays utilise divers drones et a accompli « un travail remarquable en développant une série d’outils de connaissance de la situation qui peuvent également fonctionner comme des réseaux de ciblage », permettant à ces drones de « communiquer avec d’autres systèmes afin qu’ils puissent collaborer ».

Afin d’assurer une meilleure intégration de leurs équipements, les Ukrainiens ont fusionné des informations d’origines diverses permettant aux forces armées de mieux identifier les cibles russes, et de définir les systèmes ou les unités à engager.

Une doctrine d’engagement conjointe  pour les membres de l’OTAN en matière de drones s’avère en conséquence un impératif. Le général de corps d’armée de l’armée de l’air américaine (2S) Lance Landrum, également chercheur principal au CEPA, a déclaré qu’il était nécessaire de mettre en place une réflexion globale portant sur tous les domaines.

« Il s’agit là d’un défi de taille, car l’avenir [des opérations conjointes de drones] réside dans la manière dont ces systèmes sans pilote sont intégrés de manière globale afin d’améliorer et de compléter les manœuvres offensives et défensives », a-t-il expliqué.

De son point de vue et sur la base des enseignements tirés des conflits récents, la quantité de drones dans l’inventaire des pays de l’alliance pourrait ne pas être suffisante pour réussir dans des scénarios de conflit de haute intensité. En Ukraine, Kiev et Moscou ont perdu plusieurs milliers de drones de tailles et de types différents depuis le début du conflit en février 2022.

Les pays de l’OTAN ont testé plusieurs solutions C-UAS lors de la conférence C-UAS TIE23 aux Pays-Bas. (Photo : OTAN)

Non seulement, selon M. Davis, « la plupart des pays alliés ne disposent pas de la quantité de mini, micro et petits drones dont ils auraient besoin pour être compétitifs sur un champ de bataille moderne », mais la survivabilité des systèmes de classe 2 et 3 est un autre aspect préoccupant, dans la mesure où ils sont susceptibles de transporter des charges utiles plus importantes et des capteurs multiples, et donc jouer un rôle important sur le champ de bataille.

Toujours selon M. Davis, ces derniers « ne disposent pas nécessairement de capacités d’autoprotection nécessaires pour repousser les systèmes létaux ou non létaux qu’ils tentent de mettre hors service, d’endommager ou de détruire ».

Élaborer une stratégie C-UAS pour les pays membres de l'OTAN

Dans la mesure où les drones aériens « peuvent exploiter les lacunes et les failles des systèmes de défense aérienne traditionnels différemment des systèmes offensifs antérieurs », ainsi que l’explique M. Landrum, la lutte contre les drones représente bien-sûr l’autre défi majeur auquel les États membres de l’OTAN sont confrontés. Un défi qui nécessite également une meilleure intégration et une doctrine commune.

Afin de réduire ce fossé, l’OTAN a publié en avril une liste révisée des priorités de son programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS pour « Science for Peace and Security »). Cette liste identifie notamment la lutte anti-drones aériens (C-UAS) et la défense contre l’utilisation abusive des technologies par le terrorisme comme domaines d’action principaux.

En septembre 2023, l’alliance a testé de multiples solutions de lutte contre les petits drones lors de l’exercice d’interopérabilité technique sur les systèmes aériens sans pilote (C-UAS TIE23) qui s’est déroulé aux Pays-Bas. Près de 70 systèmes et technologies, dont des capteurs, des effecteurs et des brouilleurs, ont été testés pour vérifier si ces solutions pouvaient se connecter instantanément et fonctionner ensemble.

Landrum a souligné que l’identification des solutions de lutte anti-drones les plus efficaces nécessitait un processus incrémental fait d’essais et d’erreurs. « Il s’agit d’un développement continu, mais nous devons agir maintenant au lieu d’essayer de définir une expression des besoins parfaite en vue de l’acquisition d’une capacité parfaite dont personne ne verra jamais la couleur avant dix à quinze ans…

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